Madagascar est le premier pays confronté à une détresse alimentaire liée au réchauffement climatique. Et la crise de la faim qui sévit depuis plus d’un an dans le sud du pays pourrait s’aggraver dans les mois à venir. C’est l’avertissement lancé début novembre par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
Au moins 1,3 million de personnes dont 30.000 souffrant de la faim ont besoin d’une aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence dans le sud de l’île, le seul endroit au monde à l’heure actuelle où les conditions semblables à la famine ont été provoquées par le climat et non par les conflits.
Environ un demi-million d’enfants de la région souffrent de malnutrition et 110.000 d’entre eux risquent de perdre la vie s’ils ne reçoivent pas d’aide, a indiqué le PAM.
La population adopte des mesures de survie
Selon l’agence onusienne, Madagascar a souffert de plusieurs années consécutives de sécheresse, ce qui, ajouté aux tempêtes de sable, aux infestations de criquets et aux effets de la pandémie de Covid-19, a plongé l’île d’Afrique australe dans une grave crise humanitaire. Une disparition presque totale des sources de nourriture a contraint les populations à adopter des mesures de survie de dernier recours telles que la consommation d’insectes, de fruits de cactus rouge ou de tubercules.
« Lorsque j’ai visité le Grand Sud de Madagascar, j’ai vu le visage humain de la crise climatique mondiale », a déclaré de son côté le Coordinateur humanitaire pour Madagascar, Issa Sanogo, deux semaines plus tard.
« Des femmes, des enfants et des familles mangent des cactus ou des criquets pour survivre à cette sécheresse et plus d’un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. Cela se produit dans un pays et une région qui ont le moins contribué au changement climatique », a-t-il ajouté, appelant la communauté internationale à augmenter de toute urgence son soutien aux personnes confrontées à la faim dans le sud de Madagascar.
La situation humanitaire désastreuse conduit les familles à retirer leurs enfants de l’école afin qu’ils puissent participer aux tâches quotidiennes, notamment à la recherche de nourriture et d’eau.
Impératif d’agir
La violence sexiste et la maltraitance des enfants ont augmenté, et les gens quittent les zones rurales pour les zones urbaines à la recherche de nourriture et de services.
« J’ai rencontré des familles qui m’ont dit avoir dû vendre tous leurs biens personnels, jusqu’à leurs casseroles, pour acheter de petites quantités de nourriture qui ne leur permettront pas de tenir longtemps », a expliqué le Coordinateur humanitaire.
« Il est impératif que le monde agisse maintenant pour aider ces familles », a-t-il souligné.
Les organisations humanitaires à Madagascar ont considérablement étendu leurs opérations en 2021, atteignant près de 880.000 personnes avec une assistance vitale, en complément des efforts du gouvernement dans le cadre de son Plan national de réponse à la crise dans le Grand Sud.
Cependant, avec le pic de la période de soudure (janvier à avril) qui approche, il est essentiel que la réponse s’intensifie.
Selon le PAM, la famine à Madagascar est actuellement la seule crise de la faim directement causée par le changement climatique. Les famines dans d’autres parties du monde, telles qu’au Yémen, au Soudan du Sud, ou dans la région du Tigré en Éthiopie, sont le résultat indirect de conflits armés.
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