Quel est l’avenir électrique du continent africain à l’horizon 2050 ? Sous la pression d’une démographie en forte croissance, à coup sûr. La hausse de la demande en électricité sera alors essentiellement satisfaite par les centrales thermiques à gaz, mais la part des énergies renouvelables aura considérablement augmenté.
Partout dans le monde, la transition vers les énergies renouvelables a été entamée. Le solaire, l’éolien, l’hydrolien, l’hydraulique, la biomasse, ou encore la géothermie sont autant de ressources naturelles que les êtres humains peuvent désormais exploiter de manière optimale afin de satisfaire leurs besoins.
Si l’objectif est de remplacer progressivement les centrales thermiques par des fermes solaires, des parcs éoliens, ou des centrales géothermiques, la principale difficulté de cette mutation consistera, dans le même temps, à satisfaire aussi l’augmentation de la demande en énergie. Et en Afrique, ce second point risque de poser quelques problèmes supplémentaires. Ayant entamé sa transition démographique plus tardivement que les autres continents, l’Afrique va voir sa population fortement augmenter d’ici 2050. On estime qu’elle comprendra à cette date plus de 2,4 milliards d’habitants, contre un milliard seulement en 2010.
Si le nord du continent (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte) et l’Afrique du Sud devraient s’inscrire peu ou prou dans les moyennes mondiales, la population croîtra en revanche de plus de 150% en moyenne dans les autres pays. Au facteur démographique s’ajoute un élément économique. De nombreux Etats africains connaissent une période de forte croissance, ce qui entraîne, mécaniquement, une augmentation de la consommation en énergie. Tant et si bien que l’Afrique, même avec la meilleure volonté du monde et des investissements massifs, ne pourra pas atteindre la barre mythique du 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050. Elle peut en revanche faire un grand pas en avant, notamment dans le secteur de l’électricité.
Le gaz largement en tête
Selon une étude de l’Association pour le développement de l’énergie en Afrique (ADEA), réalisée avec le soutien de l’Institut de la francophonie pour le développement durable, la production électrique de l’Afrique du Nord devrait atteindre les 820 TWh en 2050 (contre 300 TWh en 2012). Comme l’on pouvait s’y attendre, le gaz devient le pilier du mix électrique, puisqu’il assurera 66 % de la production d’électricité. Les énergies renouvelables (hors hydraulique et biomasse) ne représentent encore que 20% du total, mais augmentent de façon spectaculaire puisque leur part est multipliée par un facteur 85 ! Les efforts importants réalisés notamment par le Maroc et l’Égypte dans le domaine des énergies solaire et éolienne n’y sont pas étrangers.
En Afrique subsaharienne, toujours selon l’étude de l’ADEA, la production électrique devrait passer de 440 TWh, en 2012, à 3 100 TWh en 2050, selon les projections les plus optimistes. Le charbon et le pétrole, aujourd’hui encore très utilisés pour produire de l’électricité -notamment dans un pays comme l’Afrique du Sud-, devraient inexorablement régresser, progressivement remplacés, là aussi, par le gaz et les énergies renouvelables. Le panel de technologies exploitables est ici plus large, avec bien sûr le solaire et l’éolien -sorte de valeur refuge universelle, notamment en Afrique où le climat leur est particulièrement propice-, mais également l’hydroélectrique (le continent comprend de nombreux fleuves aux bassins prometteurs), la biomasse, ou encore la géothermie, en particulier dans l’est de l’Afrique (vallée du Grand Rift). Malgré ces efforts, en 2050, entre 250 et 400 millions d’habitants seront encore privés d’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne.
Latribune
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