Des négociations internationales se déroulent actuellement à Paris avec l’objectif d’obtenir un traité pour lutter contre la pollution plastique
Un traité pas encore signé mais déjà limité ? Alors que 175 pays sont actuellement à Paris pour négocier un futur traité contre la pollution plastique, les Etats-Unis font savoir que le futur texte ne devra pas « diaboliser » cette matière.
« Les Etats-Unis veulent parvenir à un accord international ambitieux qui mette fin aux rejets dans l’environnement d’ici à 2040 », comme annoncé par le G7, « et qui prenne en compte les besoins différents de chaque pays », confie à Jose W. Fernandez, sous-secrétaire d’Etat américain à la croissance économique, à l’énergie et à l’environnement, venu à Paris mener une équipe de 40 négociateurs.
Pour le futur traité, dont les ONG s’inquiètent de l’efficacité réelle, « nous préconisons une approche flexible, par opposition à une approche prescriptive qui dirait voilà ce qu’il faut faire », met en garde Jose W. Fernandez lors d’un entretien à l’ambassade, avant la reprise lundi de délicates négociations avec 175 pays, censées déboucher d’ici à la fin 2024.
« C’est l’un des défis environnementaux de notre époque et c’est une priorité pour nous », ajoute l’officiel américain. « Il s’agit aussi d’une question de justice car, dans de nombreux cas, ce sont les pays pauvres qui en pâtissent », affirme Jose W. Fernandez.
Il reconnaît la « nécessité d’un soutien financier » et souligne la responsabilité des Occidentaux « parmi les principaux producteurs et consommateurs de plastique ». Tout en arguant de la qualité du système de collecte américain : « nous sommes à l’origine de moins de 1 % de la pollution des océans ».
Premier consommateur mondial de plastique par habitant, les Etats-Unis génèrent 20 % des 353 millions de tonnes de déchets de plastiques annuels mondiaux, selon les chiffres 2019 de l’OCDE. Qu’ils éliminent en majorité par l’enfouissement.
« Chaque pays doit être clair sur l’objectif. Ensuite, nous devrions laisser le soin à chaque pays de tracer sa route », résume-t-il. « Nous tenons aussi beaucoup à ce que les traités soient toujours ouverts à l’innovation ».
La portée juridique du texte est aussi dans son viseur : « Même au sein de la Coalition pour la haute ambition, certains sont d’avis qu’une partie du traité soit juridiquement contraignante et qu’une autre ne le soit pas », se félicite-t-il.
« Le cycle de vie et les émissions globales de gaz à effet de serre du cycle de vie des plastiques sont souvent inférieurs à ceux d’autres sources comme le verre ou l’acier », assure le ministre. Le plastique représente 3,4 % des émissions mondiales, un chiffre qui pourrait plus que doubler à l’avenir.
’industrie américaine du plastique, qui comprend notamment les géants ExxonMobil ou Dow Chemical, pèse des dizaines de milliards de dollars aux Etats-Unis. Et le gouvernement américain entend bien défendre les bénéfices des polymères.
« Le cycle de vie et les émissions globales de gaz à effet de serre du cycle de vie des plastiques sont souvent inférieurs à ceux d’autres sources comme le verre ou l’acier », assure le ministre. Le plastique représente 3,4 % des émissions mondiales, un chiffre qui pourrait plus que doubler à l’avenir.
« Les plastiques sont également plus légers, avec une empreinte carbone moindre en termes de transport », défend encore Jose W. Fernandez.
Les risques toxiques, liés aux milliers d’additifs soupçonnés d’être cancérigènes ? « Ces situations peuvent ne pas exister dans tel ou tel pays », et devraient donc être traitées au niveau national, juge-t-il.
« Il y a des utilisations du plastique qui seront difficiles à remplacer à court terme, dans les avions, l’automobile, etc », rappelle-t-il, avant de conclure : « Ne diabolisons pas l’invention du plastique ».
AFP