Le nord-est du Brésil est une nouvelle fois frappé par des inondations et des glissements de terrain impressionnants. Le dernier bilan provisoire, publié le 31 mai, fait état de 106 morts et de plus de 6 000 sans-abris. Cette catastrophe met une nouvelle fois en évidence les risques de l’urbanisation sauvage et de la destruction de l’environnement, avec des habitations précaires bâties à flanc de colline sans aucune autorisation, mettant des millions de Brésiliens en danger.
En quelques heures, il est tombé 70 % de ce qui est normalement attendu pour un mois de mai. L’État du Pernambouc, dans le nord-est du Brésil, a été frappé par des pluies torrentielles et des glissements de terrain la semaine dernière. Ils ont fait plus de 100 morts en seulement quelques jours, selon un bilan encore provisoire. La ville de Recife, qui compte près de quatre millions d’habitants, a été particulièrement touchée. Des maisons dans les favelas se sont effondrées et des quartiers entiers ont été ensevelis sous les eaux.
La région du Nord-Est est habituée à ces “vagues de l’Est” qui apportent chaque année des pluies massives en provenance d’Afrique. Mais il existe un facteur aggravant, selon les experts du Metsul, l’institut météorologique brésilien : plus la mer est chaude, plus l’instabilité est grande. Dans le cas présent, la température de surface de la mer est supérieure à la moyenne dans toute la région côtière du Nord-Est et dans les zones de l’Atlantique où les vagues orientales progressent. En outre, l’urbanisation sauvage mais aussi la destruction de l’environnement ne permettent pas de faire face à ces catastrophes.
“La pluie en soi ne tue pas”
Le spécialiste en catastrophes naturelles José Marengo a confirmé à l’AFP que ces précipitations exceptionnelles étaient dues au réchauffement climatique, mais étaient surtout meurtrières à cause de l’urbanisation sauvage. “La pluie en soi ne tue pas. Ce qui est mortel, c’est la pluie sur des habitations situées dans des zones à risque“, explique ce coordinateur des recherches du Centre national de surveillance et d’alerte des désastres naturels du Brésil (Cemaden). Selon lui, les autorités sont “coupables” d’avoir “permis des constructions dans des zones à risque, où vivent des populations pauvres qui n’ont nulle part où aller“.
“Il faudrait interdire toute construction à flanc de colline. Et si des gens y habitent déjà, il faut les retirer de là pour les reloger dans des endroits plus sûrs, et pas seulement après des catastrophes. Les villes doivent mieux s’organiser, d’autant plus que les précipitations sont de plus en plus intenses et violentes avec le changement climatique, comme nous l’avons vu dans le Pernambouc. Si les villes se sont pas prêtes, nous allons déplorer encore plus de morts. La saison des pluies ne fait que commencer dans le nord-est du Brésil, d’autres phénomènes extrêmes peuvent encore se produire cette année” explique-t-il.
Selon le Cemaden, environ 9,5 millions de Brésiliens vivent dans des zones à risque. Dans 825 municipalités du Brésil, il y aurait plus de 27 000 zones à risque, la plupart situées dans le sud, le sud-est et le nord-est, où le relief est plus accidenté et tend à fournir des risques plus fréquents d’inondations et de glissements de terrain. Il y a aussi “une forte pression du secteur immobilier pour construire sur la mangrove, alors qu’elle est notre principale alliée en cas d’inondation” indique le géographe Osvaldo Girao, interrogé par Le Monde.
Recife, parmi les villes les plus vulnérables au changement climatique
Cette tragédie n’est pas sans rappeler d’autres épisodes qui se sont produits plus tôt dans l’année dans le sud de l’État de Bahia en décembre, dans la région de Sao Paolo en janvier ou encore à Petropolis, près de Rio de Janeiro, en février dernier où 233 personnes avaient été tuées lors de pluies torrentielles et de coulées de boue. En campagne pour sa réélection, le président ouvertement climatosceptique Jair Bolsonaro, a survolé en début de semaine certaines régions touchées par les pluies dans le Grand Recife. Il a été critiqué pour avoir déclaré que ce type de catastrophe étaient “des choses qui arrivent“.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a classé la région métropolitaine de Recife comme l’une des villes les plus vulnérables au monde face au changement climatique. Majoritairement informel, le développement urbain de la ville a entraîné une disparition quasiment complète de la couverture végétale et une imperméabilisation croissante du sol urbain.
NVTC
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