Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, fait face depuis une semaine à une pénurie de carburant dans ses stations-service, provoquant d’importants embouteillages dans les principales villes du pays. Devant les gares encore ouvertes d’Abuja et de Lagos, bouillonnante capitale économique de plus de 20 millions d’habitants, les files de voitures s’étirent sur des centaines de mètres.
En cause, l’importation dans le pays d’une grande quantité d’essence frelatée par quatre commerçants accuse la compagnie pétrolière nationale (NNPC) qui tente depuis une semaine de retirer ce produit contaminé du marché.
La semaine dernière, plusieurs automobilistes et conducteurs de motos ont vu leur véhicule endommagé par cet » le carburant « . Depuis 4 heures du matin (3 heures du matin GMT), Shade Adisa attend tant bien que mal au volant de sa voiture, coincée dans une longue file d’attente à l’entrée d’une station-service du quartier de l’île de Lagos. « Je me suis levé très tôt pour pouvoir faire le plein mais, vu la file d’attente, je ne suis pas prêt à en avoir avant 8h »précise cet avocat.
Malgré tout le pétrole qu’il extrait, le Nigeria doit importer la majorité de son carburant. Les quatre raffineries de ce pays de 220 millions d’habitants ne fonctionnent pas ou fonctionnent en dessous de leur capacité.
Face au manque d’essence disponible, le prix des transports a augmenté dans plusieurs villes, obligeant de nombreux habitants à parcourir de longues distances à pied. « Il est difficile de se rendre au travail ces jours-ci. Avant, je dépensais 1 500 nairas [quelque 3 euros] par jour dans les transports mais, depuis le début de la pénurie, j’ai dépensé plus de 2 000 nairas »dit Gafaru Adebayo.
Selon la Banque mondiale, quatre Nigérians sur dix vivent en dessous du seuil international de pauvreté (1,90 USD par jour et par personne). Et dans ce pays qui souffre aussi d’un manque criant d’électricité, ceux qui en ont les moyens dépendent de groupes électrogènes essence ou diesel pour alimenter leurs foyers et commerces une bonne partie de la journée. « Même à la maison, j’ai dû doubler mes dépenses de diesel pour faire fonctionner mon groupe électrogène »se plaint M. Adebayo, fonctionnaire à Lagos.
Les compagnies pétrolières ont déclaré que plusieurs stations tentaient toujours de restituer le carburant frelaté qui leur avait été fourni la semaine dernière, les empêchant de stocker et de vendre des produits non contaminés.
AFP
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