Le Kenya a publié les chiffres du premier recensement national de sa faune sauvage. Selon le rapport, la population d’éléphants s’y élève désormais à 36.280 individus. Une hausse de 12% par rapport à l’année 2014 marquée par une flambée du braconnage.
En mai dernier, le Kenya a démarré un ambitieux exercice. Objectif : réaliser le premier recensement national de sa faune sauvage. A l’aide d’études aériennes et de surveillance au sol, les autorités ont passé en revue plus de 50 parcs ou réserves nationales, ainsi que de multiples zones sauvages pour évaluer la situation d’une trentaine d’espèces sauvages.
Après des mois d’opérations, les résultats de ce recensement ont été dévoilés dans un vaste rapport publié fin août. Un bilan qui comporte quelques bonnes nouvelles pour la faune kenyane et notamment pour les éléphants. Selon le document, la population de pachydermes atteint désormais 36.280 individus.
Une hausse de 12% par rapport à 2014
Ceci représente une hausse de 12% par rapport à l’année 2014 qui avait été marquée par une flambée du braconnage. Entre 2012 et 2014, les effectifs avaient chuté de 35.588 éléphants à 32.214. Cette même année, le pays avait pleuré la mort de Satao, un célèbre mâle aux longues défenses d’environ 50 ans tué par une fléchette empoisonnée.
Le mâle vivait dans le parc national de Tsavo qui représente plus de 38% de l’aire de répartition des éléphants. D’après le récent recensement, le parc abrite aujourd’hui près de 15.000 pachydermes. Vient ensuite l’écosystème de Samburu-Laikipia qui compte plus de 37.000 kilomètres carrés et quelque 7.475 spécimens.
“Les efforts mis en place par le gouvernement pour freiner le braconnage des éléphants dans différents écosystèmes continuent d’être efficaces“, explique le rapport. “Ces efforts doivent être poursuivis pour maintenir encore davantage la future croissance de la population et l’extension de son aire de répartition“.
Bonne nouvelle aussi pour les girafes
Mais les mammifères à défenses menacés ne sont pas les seuls à bénéficier des mesures adoptées pour lutter contre le braconnage. D’autres animaux ont en effet montré une hausse de leur population. C’est le cas des trois espèces de giraffe évoluant au Kenya, des lions, des zèbres de Grevy ou encore des hirolas, bovidés en danger critique d’extinction.
“La population nationale de girafe est passée de 23.000 animaux en 2019 à 34.240 en 2021, ce qui représente une augmentation de 49% en trois ans“, souligne le document, précisant toutefois que la hausse est notamment due à une prise en compte de données mises à jour sur les giraffes réticulées.
Du côté des autres espèces, le rapport fait état de 497 hirolas, 2.589 lions (en danger), 2.649 zèbres de Grevy (en danger), 897 rhinocéros noirs (en danger critique d’extinction), 842 rhinocéros blancs (en danger), 1.160 guépards (en danger) ou encore 1.650 mangabeys de la Tana, un cercopithèque endémique en danger critique d’extinction.
“La réduction des pertes du côté des éléphants, des rhinocéros et d’autres espèces en danger est le fruit de l’excellent travail réalisé par le KWS, ses officiers et ses hommes“, a appuyé le Président Uhuru Kenyatta, saluant les agences de conservation et les encourageant à trouver de nouvelles approches pour protéger la faune sauvage.
“Alors que le monde est aux prises avec le changement climatique et les activités humaines qui menacent la vie zoologique et botanique ainsi que leurs habitats, le Kenya ouvre la voie en mettant en place des actions audacieuses et décisives pour conserver et promouvoir sa richesse écologique“, s’est-il réjoui.
Des antilopes en danger critique
Néanmoins, les conclusions du recensement ne comportent pas que des bonnes nouvelles. Certaines espèces ont en effet présenté des effectifs inférieurs à 100 individus. C’est le cas de l’hippotrague noir et de l’antilope rouanne, tous deux en danger critique, dont les populations comptent à peine 51 et 15 spécimens respectivement.
“Des interventions comme le développement des sanctuaires dépourvus de prédateurs et une gestion plus intensive doivent être explorées pour sauver ces espèces d’une extinction locale“, indique le rapport. Les conclusions dénoncent aussi une pression continue des activités humaines sur la faune et son habitat dans la plupart des écosystèmes étudiés.
Une pression et une proximité humain-animaux qui favorisent les conflits. Près de 500 personnes ont été attaquées ou tuées par des animaux sauvages entre 2014 et 2017, selon le dernier rapport du KWS daté de décembre 2019. Et cette menace ne devrait que croître, affirment les spécialistes de la faune.
“Nous avons empiété sur des zones où nous ne sommes jamais allés avant, et les chiffres augmentent. Cela signifie que dans 10 ans, nous n’aurons probablement plus de faune sauvage en dehors des zones protégées“, a affirmé à l’AFP Robert Obrein, un responsable du KWS pour la région d’Isiolo.
A travers ce recensement national, les autorités espèrent obtenir de nouvelles informations précieuses pour guider les futures mesures de gestion et de conservation de la biodiversité kenyane. Dans leur rapport, les auteurs recommandent d’ailleurs de renouveler l’opération tous les trois ans et d’allouer un budget annuel pour renforcer la surveillance de certaines espèces.
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