Une étude de grande envergure réalisée par 50 groupes de recherche à travers le monde pendant trois ans s’est intéressée pour la première fois au rôle fonctionnel des insectes dans la décomposition du bois mort et l’impact de leur disparition sur les cycles du carbone forestier.
Cette étude a été menée par une équipe dirigée par l’université Julius Maximilian de Würzburg (JMU) et la TUM (Technische Universität München) et publiée dans la revue Nature le 1er septembre 2021. La contribution des insectes à ce phénomène est estimée à près d’un tiers. Leur rôle est donc essentiel, notamment sous les tropiques.
L’impact délétère du réchauffement climatique
“En milieu tropical, les insectes qui décomposent le bois mort sont en majorité des termites. Sans le travail de décomposition, de broyage et de fragmentation de la matière organique des termites, on accumulerait des déchets de grande taille qui mettraient beaucoup plus de temps à se dégrader, malgré les conditions climatiques favorables à la décomposition sous les tropiques.” explique Jacques Beauchêne, xylologue au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) en Guyane et co-auteur de l’étude. L’impact du réchauffement climatique est donc délétère puisque le taux de décomposition du bois et la contribution des insectes sont fortement liés à la température.
Un risque réel de dérèglement des écosystèmes
“Nos résultats suggèrent que les changements climatiques associés à la disparition des insectes pourraient altérer la décomposition du bois mort et ainsi perturber les cycles du carbone forestier à l’échelle mondiale”, alerte ainsi Sebastian Seibold, chercheur à la TUM et premier auteur de l’article. Cette étude, réalisée pendant trois ans sur 55 sites forestiers et 140 espèces d’arbres, a montré que 10,9 gigatonnes de carbone étaient émises par le bois mort chaque année. “Cela équivaut à 115 % de ce qu’émettent aujourd’hui les activités humaines liées aux combustibles fossiles. Cependant, le carbone émis par le bois mort n’est pas entièrement libéré dans l’atmosphère, car une bonne partie est piégée dans les sols”, indique Werner Rammer, chercheur à la TUM.
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