La nomination de Sultan Al Jaber à la tête de la COP28 ne passe décidément pas. Plus d’une centaine de parlementaires européens et américains ont envoyé une lettre ouverte à leurs dirigeants pour demander son retrait. Sultan Al Jaber est notamment à la tête de la compagnie pétrolière nationale émiratie et multiplie les annonces polémiques pour retarder au maximum la sortie des énergies fossiles.
La pression se poursuit sur le président de la COP28, Sultan Al-Jaber, également à la tête de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc. Une centaine d’élus du Congrès américain et du Parlement européen ont exigé son retrait dans une lettre ouverte adressée à leurs dirigeants et à l’Onu mardi 23 mai. “Nous vous exhortons à faire pression pour que les Emirats arabes unis renoncent à la nomination de Sultan al-Jaber”, écrivent-ils, faisant part de leur “profonde inquiétude“.
Dans leur missive, les élus demandent également de limiter “l’influence des industries polluantes” dans ces réunions climatiques, déplorant une proéminence des lobbys. “Nous ne pouvons pas laisser des intérêts particuliers créer davantage d’obstacles dans la course contre le changement climatique”, a plaidé Sheldon Whitehouse, l’un des sénateurs américains les plus engagés sur les questions climatiques, sur Twitter.
La Syrie invitée à la COP28
Il y a quelques jours, une autre polémique avait secoué la COP28. Les Emirats arabes unis ont en effet invité le président syrien, Bachar al Assad, à assister au sommet sur le climat. L’invitation a été lancée par le président émirati, Mohamed ben Zayed al Nahyane, ont rapporté séparément l’agence de presse syrienne SANA et l’ambassade des Emirats arabes unis à Damas, dans un tweet. “Si Bachar al-Assad assiste à la COP28, ce serait sa première apparition à une conférence mondiale depuis le début du déclenchement du conflit en Syrie en 2011,” indique dans un billet Joey Shea, chercheuse sur l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis au sein de Human Rights Watch.
“Le gouvernement syrien a commis des crimes graves à grande échelle, et provoqué le déplacement de millions de personnes”, rappelle la spécialiste. “Alors qu’Assad devrait être accueilli aux EAU, il n’est pas clair si les membres indépendants de la société civile émiratie pourront participer eux-mêmes de manière significative aux pourparlers de la conférence COP28 sur le climat, étant donné la répression sévère et la fermeture complète de l’espace civique dans le pays“, ajoute-t-elle.
Baisser “les émissions” liées aux énergies fossiles
La nomination de Sultan Al Jaber, également ministre émirati de l’Industrie, pour présider la conférence de l’ONU sur le climat prévue fin 2023 a toujours été vivement critiquée. En début d’année, plus d’une vingtaine de parlementaires américains avaient déjà demandé à John Kerry, l’envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, d’agir. Les ONG environnementales sont également très inquiètes. Elles sont récemment montées au créneau après des propos polémiques tenus par Sultan Al Jaber.
Celui-ci avait déclaré en marge du Dialogue de Petersberg, début mai, que “notre objectif devrait être axé sur l’élimination progressive des émissions de tous les secteurs, qu’il s’agisse du pétrole et du gaz ou des industries à fortes émissions”. Or, en visant la baisse des émissions et non pas des énergies fossiles, il laisse la porte grande ouverte au développement des énergies fossiles et aux technologies de capture et stockage du CO2 encore immatures. L’élimination progressive des combustibles fossiles sera l’une des questions clés du prochain sommet sur le climat, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Interrogé par l’AFP en avril, Sultan Al-Jaber s’était défendu en rappelant qu’il était aussi le fondateur de Masdar, géant national émirati spécialisé dans les énergies renouvelables, et il avait assuré que son pays travaillait à sa transition énergétique depuis “plus de vingt ans”. Selon un porte-parole de la COP28, l’”expérience en tant qu’ingénieur” et que “dirigeant industriel” de Sultan Al Jaber est un “atout” pour la COP28. Avant même d’avoir commencé, le sommet est déjà entaché de polémiques. Il constitue pourtant une échéance particulièrement importante dans le processus climatique car il doit aboutir au premier bilan global des engagements mondiaux, conformément à ce qui est prévu dans l’Accord de Paris.
AFP