Après une semaine intense de négociations et de conférences, le Congrès de la nature a pris fin. Le bilan général est positif : les 1 200 membres de l’UICN ont voté une vingtaine de motions qui doivent rehausser l’ambition en matière de protection de la biodiversité. Pour la première fois, les peuples autochtones ont été invités à prendre part aux votes. Mais les associations dénoncent un bilan mitigé du côté de l’Hexagone, alors que des annonces fortes étaient espérées.
La semaine a été dense. Le Congrès de l’UICN s’est achevé le 11 septembre à Marseille après huit jours d’échanges entre représentants de gouvernements, du monde des affaires et des ONG pour dessiner les contours d’une stratégie ambitieuse en matière de protection de la nature.
Dans un document intitulé Manifeste de Marseille, l’UICN, instance de référence en matière de conservation, a mis en avant un bilan positif, également salué par les ONG. “Face aux cris d’alarmes et à l’urgence absolue, le Congrès de l’UICN met les points sur les i, a souligné le WWF dans un communiqué. Le cadre est posé, les décisions doivent maintenant suivre rapidement “. Le gouvernement français a lui aussi applaudi le travail des congressistes. “Le bilan de ce congrès est absolument satisfaisant” a déclaré la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique, Bérangère Abba, au micro de Rfi le 10 septembre.
Parmi les grandes avancées, pour la première fois, les peuples autochtones ont été invités à prendre part aux votes. Un Sommet mondial des peuples autochtones a été organisé en amont du Congrès et les peuples autochtones ont pris part aux discussions à travers des dizaines de réunions tout au long de la semaine. L’enjeu est d’autant plus important que 80% de la biodiversité forestière se situe sur le territoire des peuples autochtones, dont le rôle est crucial dans la protection de la biodiversité. Une motion allant dans ce sens a été votée au cours du Congrès.
De nouvelles orientations votées
Une vingtaine d’autres motions ont été validées par les 1 400 membres de l’UICN au cours de la semaine. Celles-ci structurent la politique de l’organisation, et doivent ensuite être reprises dans les politique publique des États. Bien qu’elles soient non contraignantes, elles ne sont pas anecdotiques : l’objectif d’atteindre 30% d’aires marines protégées d’ici 2030 a par exemple émergé lors du dernier Congrès de l’UICN à Hawaï en 2016.
Parmi les nouvelles prérogatives: la protection et la restauration de 80% de la forêt amazonienne, la reconnaissance du lien inextricable qui existe entre nature et santé pour éviter l’émergence de futures pandémies, la fin de la pollution plastique dans les océans d’ici 2030 , le renoncement à l’exploitation minière des fonds marins ou encore la réduction de l’impact de l’industrie minière sur la biodiversité. Sur cette dernière motion, la France s’est abstenue. Une position critiquée par de nombreuses ONG comme Greenpeace ou le WWF.
Un bilan français critiqué par les associations
Les associations pointent du doigt un bilan mitigé du côté de l’Hexagone. ” Les annonces du plus haut niveau n’ont été ni à la hauteur des enjeux ni assorties de moyens : la France continue de donner des leçons à tous sur les enjeux de biodiversité et de climat, mais reste largement dans l’incantation“, déplore France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. L’association dénonce notamment des orientations dénuées d’objectifs chiffrées, comme la réduction de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture.
Des annonces fortes étaient attendues en faveur de la protection des océans. Le président a annoncé la mise sous protection forte de 5% des océans français d’ici 2027, mais “il s’agit d’une promesse déjà formulée en 2019 et qui attend d’être concrétisée” ajoute FNE, qui “salue” malgré tout l’initiative. Le président a par ailleurs annoncé l’organisation d’un One Ocean Summit d’ici quelques mois pour réfléchir à un cadre international de protection des océans. “Que le Président de la République veuille sensibiliser au-delà de nos frontières, c’est bien, mais qu’il donne d’abord l’exemple, sinon à être totalement décrédibilisé…” estime Elodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océans Mers et Littoraux de FNE.
Les discussions doivent reprendre lors de la COP15 biodiversité en avril 2022, dont l’objectif est de fixer un cadre de protection de la biodiversité pour la prochaine décennie.
NVTC
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