Les sept dernières années s’annoncent les plus chaudes jamais enregistrées et l’élévation du niveau de la mer atteint des valeurs records, selon le rapport provisoire de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat mondial en 2021, publié dimanche, alors que s’ouvre la Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP26, à Glasgow, au Royaume-Uni.
« Il est clair que nous sommes en pleine urgence climatique. Il est clair que nous devons y faire face. Il est clair que nous devons aider les plus vulnérables à y faire face. Pour y parvenir, il est désormais indispensable de faire preuve d’une grande ambition », a déclaré la Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), Patricia Espinosa, à l’ouverture officielle de la COP26 dimanche. Cette ouverture était essentiellement procédurale et la conférence entre dans le vif du sujet lundi.
Selon l’OMM, des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre sans précédent et la chaleur cumulée qu’elles induisent ont propulsé la planète sur un terrain inconnu, ce qui a de graves conséquences pour les générations actuelles et futures.
Le rapport provisoire de l’OMM, qui se fonde sur les données des neuf premiers mois de l’année, note qu’en raison d’un refroidissement temporaire lié à l’épisode La Niña observé en début d’année, 2021 ne se trouvera probablement qu’à la cinquième place dans le classement des sept années les plus chaudes jamais enregistrées. Il n’empêche que la tendance à long terme d’une élévation des températures ne va ni s’inverser ni s’infléchir.
Acidification des océans
L’élévation du niveau de la mer à l’échelle planétaire, qui s’accélère depuis 2013, a atteint un nouveau record en 2021, parallèlement au processus de réchauffement et d’acidification des océans.
Le rapport a pu être élaboré grâce aux contributions de plusieurs organismes des Nations Unies, de services météorologiques et hydrologiques nationaux et d’experts scientifiques. Il fait ressortir les incidences du réchauffement sur la sécurité alimentaire et sur le déplacement de populations, qui nuisent à des écosystèmes essentiels et compromettent la réalisation des objectifs de développement durable.
« Le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2021, qui s’appuie sur les données scientifiques les plus récentes, révèle que notre planète est en train de se transformer sous nos yeux. Des profondeurs de l’océan aux sommets des montagnes, sous l’effet inexorable de la fonte des glaciers et des phénomènes météorologiques extrêmes, sur toute la planète, des écosystèmes et des populations de la planète sont mis à mal. La COP26 doit marquer un tournant décisif pour l’humanité comme pour la planète », a souligné le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Des solutions à portée de main
« Les scientifiques sont sûrs de leurs conclusions. Les dirigeants doivent être tout aussi sûrs de leurs décisions. La porte est ouverte : les solutions sont à portée de main. La COP26 doit marquer un tournant décisif. Soyons ambitieux. Soyons solidaires. L’heure est venue d’agir pour préserver notre avenir et sauvegarder l’humanité », a ajouté M. Guterres dans un message vidéo.
Le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, a noté pour sa part que « pour la première fois depuis que les données sont enregistrées, il a plu au point culminant de la calotte glaciaire du Groenland, là où il n’avait jamais que neigé ».
« Au Canada, les glaciers fondent rapidement. Une vague de chaleur qui a déferlé au Canada et sur les régions voisines des États-Unis a fait monter les températures jusqu’à près de 50°C dans un village de Colombie-Britannique. Dans la Vallée de la Mort, en Californie, la température a atteint 54,4 °C au cours de l’une des nombreuses vagues de chaleur qui ont frappé le sud-ouest des États-Unis, tandis que de nombreux points autour de la Méditerranée connaissaient des températures record. Cette chaleur exceptionnelle s’est souvent accompagnée d’incendies dévastateurs », a-t-il ajouté.
Le chef de l’OMM a également noté qu’en Chine, « il est tombé en quelques heures autant de pluie qu’il tombe normalement en plusieurs mois et certaines parties de l’Europe ont subi de graves crues ». « Ces catastrophes ont fait plusieurs dizaines de victimes et ont entraîné des pertes économiques s’élevant à des milliards d’euros. En Amérique du Sud subtropicale, une deuxième année consécutive de sécheresse a réduit les écoulements dans d’importants bassins versants et frappé l’agriculture, les transports et la production d’énergie », a souligné M. Taalas.
Il a rappelé que « les phénomènes extrêmes n’ont plus rien d’exceptionnel ». « De plus en plus d’éléments scientifiques attestent que certains de ces phénomènes portent la marque d’un changement climatique d’origine anthropique », a-t-il ajouté.
« Si les concentrations de gaz à effet de serre continuent d’augmenter au rythme actuel, le réchauffement aura nettement dépassé la limite définie par les objectifs de l’Accord de Paris (1,5 à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels) à la fin du siècle », a déclaré M. Taalas. « La COP26 nous offre une occasion décisive de nous remettre sur la bonne voie ».