Le Représentant spécial des Nations Unie pour l’Afrique centrale a déclaré mercredi après-midi aux membres du Conseil de sécurité que Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest semblaient avoir été affaiblit par les opérations militaires ainsi que leurs propres luttes intestines et que, pour autant, le moment était venu d’accroître le soutien international aux efforts nationaux et régionaux visant à les vaincre.
François Louncény Fall a signalé que la Force d’intervention conjointe multinationale et les armées nationales concernées ont un besoin urgent « d’assistance technique et matérielle, notamment pour le déminage et l’élimination des engins explosifs improvisés », devenus l’une des principales causes de décès dans leurs rangs. Un soutien international est également nécessaire pour le DDR, « car l’affaiblissement de Boko Haram et la mort de son chef Abubakar Shekau ont entraîné la défection de milliers d’anciens associés ».
Il a informé les Quinze que l’État islamique en Afrique de l’Ouest, connu sous son acronyme anglophone ISWAP, semblait avoir « pris le dessus sur Boko Haram ».
Selon le chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), l’ISWAP cible principalement les forces de défense et de sécurité, « tout en essayant de gagner les cœurs et les esprits des communautés locales en prêchant et en fournissant certains services sociaux de base pour combler le vide créé par l’absence des autorités étatiques ».
« Il est donc tout aussi urgent d’intensifier le soutien international à la mise en œuvre de la stratégie régionale pour la stabilisation, le redressement et la résilience des zones affectées par Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad, qui s’attaque aux causes profondes de la crise et répond aux besoins des communautés touchées, notamment les femmes et les jeunes, afin d’empêcher leur radicalisation et leur enrôlement dans les groupes terroristes », a exhorté M.Fall.
Les terroristes, la piraterie, la participation des femmes et le changement climatique
M. Fall a souligné l’importance d’une Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) « forte » pour aider ses États membres à relever les nombreux défis auxquels l’Afrique centrale est confrontée, y compris le terrorisme et l’extrémisme violent, l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée ; la faible participation des femmes aux processus de paix et aux processus politiques, ainsi que l’impact du changement climatique sur la paix et la sécurité.
Aussi, il a affirmé que l’UNOCA et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) continueraient de donner la priorité à la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, où la criminalité maritime organisée demeure une menace pour la sécurité de l’État et des personnes, malgré une diminution globale des actes de piraterie.
Le haut responsable onusien a indiqué que la participation des femmes aux processus de paix et politiques demeurent limitée, malgré certains progrès dans certaines parties de la sous-région.
Aussi, alors que l’impact des changements climatiques exacerbe les tensions entre les communautés en Afrique centrale, en raison de la raréfaction des ressources naturelles, M. Fall s’est dit encouragé par l’engagement de la sous-région à relever les défis de la sécurité climatique, comme réitéré lors de la dernière session de la Réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, tenue à Libreville le mois dernier.
Le soutien aux élections reste primordial
Le Représentant spécial a rappelé le rôle essentiel des processus électoraux dans la consolidation des transitions démocratique et pour la gouvernance.
Il s’est félicité de l’élection présidentielle « pacifique et ordonnée » à São Tomé e Príncipe, saluant le peuple santoméen et ses dirigeants politiques pour avoir « placé l’intérêt national avant la politique partisane lors de l’élection présidentielle » et appelant à appuyer la classe politique afin que la population puisse tirer parti du « dividende démocratique ».
« Alors que la sous-région se prépare à des élections cruciales en 2022 et 2023, notamment en Angola, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République démocratique du Congo, à São Tomé-et-Príncipe et au Tchad, l’engagement renouvelé en faveur de processus électoraux pacifiques et démocratiques reste primordial pour la stabilité régionale », a dit le haut responsable régional.
« Pour ce faire, il faut fournir en temps utile un soutien adéquat pour permettre la création de conditions propices à des élections crédibles, inclusives et pacifiques, et prévenir la violence liée aux élections », a-t-il fait valoir, signalant qu’il poursuivrait ses bons offices « chaque fois que cela sera nécessaire, pour encourager un dialogue politique inclusif et significatif dans les pays qui se préparent à des élections ».
« L’appui du Conseil de sécurité sera crucial à cet égard », a renforcé le haut responsable onusien.
Des progrès significatifs au Tchad
Selon le Représentant onusien, le Tchad a fait « des progrès significatifs pour atteindre les étapes clés de la transition, malgré des défis importants ».
M. Louncény Fall s’est notamment félicité de la décision des autorités de transition d’accorder l’amnistie à certains membres de groupes armés visant à les encourager à prendre part aux processus de dialogue et de réconciliation, renforçant leur caractère inclusif.
« Le dialogue national inclusif envisagé constitue également une occasion historique ; nous espérons qu’il sera pleinement inclusif, significatif et transparent » a estime M.Fall saluant « tous les efforts déployés à cet égard par les parties prenantes tchadiennes ».
Il a rappelé que les prochaines étapes de la transition – le dialogue national, les élections et le DDR envisagé pour les combattants tchadiens de retour au pays depuis la Libye « nécessiteront un soutien international supplémentaire important, d’autant que le Tchad continue de se débattre avec une situation socio-économique désastreuse ».
Il sera également important d’intensifier les efforts visant à renforcer le contrat social et le tissu social dans le contexte de la transition et au-delà.
Des progrès limités au Cameroun
Selon le chef de l’UNOCA, la violence au Cameroun se poursuit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, y compris contre des cibles civiles.
« Le conflit prend de plus en plus une tournure régionale, avec des groupes armés non-étatiques qui formeraient des alliances avec des groupes étrangers et déploieraient des armes et des tactiques plus complexes », a expliqué M. Fall signalant que les initiatives visant à résoudre le conflit de manière pacifique avaient malheureusement fait des progrès limités.
Il a salue les nouvelles initiatives locales visant à promouvoir une approche « allant de la base vers le sommet » pour créer un environnement propice à la résolution de la crise par le dialogue.
Il a appelé toutes les parties, principaux acteurs du pays et diaspora à aller plus loin pour une résolution pacifique et durable de la crise et affirme qu’ « un soutien international cohérent et coordonné continuera d’être crucial à cet égard ».
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