À mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de nouvelles données montrent que le changement climatique a compromis la quasi-totalité des objectifs de développement durable de l’ONU, a alerté jeudi un nouveau rapport élaboré par plusieurs institutions onusiennes, sous la coordination de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Selon ce nouveau document, la planète est loin d’atteindre les objectifs climatiques fixés. Et cette situation compromet les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la faim, la pauvreté et les problèmes de santé, améliorer l’accès à l’eau potable et à l’énergie, ainsi que de nombreux autres aspects du développement durable.
En 2015, les Etats membres de l’ONU se sont engagés dans une vision du développement qui prend en compte le bien-être des hommes et les limites de la planète.
Huit ans plus tard, le rapport de l’OMM présente un bilan à mi-chemin de ce programme, avant sa conclusion programmée en 2030. Et c’est un constat d’échec : seuls 15% des objectifs sont sur la bonne voie. Globalement, la quasi-totalité sont compromis à cause du changement climatique, par exemple la faim dans le monde, l’accès à l’eau ou encore la santé, la viabilité des océans et la résilience des villes.
La réponse mondiale au changement climatique est loin d’être à la hauteur
« 2023 a amplement démontré que le changement climatique était une réalité. Des températures record brûlent les terres et réchauffent les mers, tandis que des phénomènes météorologiques extrêmes causent des ravages dans le monde entier. Nous savons que ce n’est qu’un début, mais la réponse mondiale est loin d’être à la hauteur. À mi-parcours de l’horizon 2030 des objectifs de développement durable, le monde accuse un terrible retard », a déclaré, dans un communiqué, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Parmi les points saillants, le rapport note que les émissions totales de dioxyde de carbone (CO2) provenant des combustibles fossiles ont augmenté de 1% au niveau mondial en 2022 par rapport à 2021. Les estimations initiales montrent que les émissions mondiales de CO2 d’origine fossile entre janvier et juin 2023 ont augmenté de 0,3% par rapport à la même période en 2022.
Or selon le document, les politiques d’atténuation actuelles conduiront à un réchauffement planétaire estimé à environ 2,8 °C au cours de ce siècle par rapport aux niveaux préindustriels. Des réductions immédiates et drastiques des émissions de gaz à effet de serre sont nécessaires.
« En ce moment charnière de l’histoire, à mi-parcours de la réalisation des ODD, la communauté scientifique est unie dans ses efforts pour assurer la prospérité des populations et de la planète », a assuré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Près de 670 millions de personnes pourraient souffrir de la faim en 2030
Plus généralement, le rapport décrit notamment comment les prévisions météorologiques contribuent à stimuler la production alimentaire et à se rapprocher de l’objectif Faim zéro (ODD 2). L’ONU estime toutefois que près de 670 millions de personnes pourraient souffrir de la faim en 2030, en partie à cause d’événements climatiques plus extrêmes qui perturbent chacun des piliers de la sécurité alimentaire (accès, disponibilité, utilisation et stabilité).
S’agissant de la bonne santé et du bien-être (ODD 3), le document montre que le changement climatique et les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur augmenteront considérablement les problèmes de santé et les décès prématurés. L’urbanisation rapide expose davantage de personnes aux risques. La pollution de l’air, par exemple, est une menace urbaine majeure pour la santé et est associée à près de 7 millions de décès prématurés par an.
Sur le volet eau propre et assainissement (ODD 6), le changement climatique exacerbe les risques liés à l’eau, tels que les inondations et les sécheresses. Les modifications des régimes de précipitations, des taux d’évaporation et des réserves d’eau pose des problèmes importants pour la gestion durable des ressources en eau.
Concernant l’énergie propre, le rapport note que les phénomènes météo extrêmes et le changement climatique menacent la réalisation de l’ODD 7 car ils modifient la capacité d’approvisionnement et la demande en énergie, rendant la transition vers une énergie propre plus imprévisible et potentiellement plus coûteuse.
Certains changements climatiques futurs sont inévitables
Ce constat de l’ONU intervient dans un contexte climatique tendu. Entre 1970 et 2021, près de 12.000 catastrophes dues à des phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes ont été recensées, totalisant plus de 2 millions de victimes et 4.300 milliards de dollars de dommages économiques.
Or, plus de 90% des décès et 60% des pertes matérielles ont eu lieu dans des économies en développement, ce qui met en péril le développement durable. La hausse mondiale des températures s’est accompagnée d’une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes.
La probabilité que la température moyenne annuelle à la surface du globe dépasse temporairement de 1,5 °C les niveaux préindustriels pendant au moins une des cinq prochaines années est de 66%, et elle augmente avec le temps.
Jusqu’à présent, les progrès ont été très limités pour réduire le hiatus entre réalité et engagements pour 2030 – à savoir l’écart entre les réductions d’émissions promises par les pays et les réductions nécessaires pour atteindre l’objectif de température de l’Accord de Paris. Pour atteindre ces objectifs, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 30% et 45% d’ici à 2030, et les émissions de CO2 s’approcher de zéro d’ici à 2050, ce qui nécessitera des transformations à grande échelle, rapides et systémiques.
Certains changements climatiques futurs sont inévitables et potentiellement irréversibles, mais chaque fraction de degré et de tonne de CO2 compte pour limiter le réchauffement et atteindre les Objectifs de développement durable, indique le rapport.
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