A la Conférence des Nations Unies sur le climat en Egypte, des dirigeants ont réclamé mardi des actions concrètes sur l’adaptation et l’épineuse question des pertes et dommages.
Lors d’un événement de haut niveau, la Présidence de la COP27 a donné le coup d’envoi du programme d’adaptation de Charm El-Cheikh pour rallier l’action mondiale autour de 30 résultats nécessaires pour remédier à ce que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a décrit comme le « déficit d’adaptation » climatique.
Le programme vise à renforcer la résilience de quatre milliards de personnes vivant dans les communautés les plus vulnérables au climat d’ici à 2030. Il a été surnommé le premier plan mondial global axé sur l’adaptation pour rallier les gouvernements et les acteurs non étatiques derrière un ensemble d’actions communes.
Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), près de la moitié de la population mondiale sera gravement menacée par les impacts du changement climatique d’ici à 2030, même avec un réchauffement climatique de seulement 1,5 degré Celsius.
Les plans couvrent des mesures sur des questions liées à la sécurité alimentaire et à l’agriculture, à l’eau et à la nature, aux établissements humains, aux océans et aux villes, entre autres.
Le Président de la COP27, Sameh Shoukry, a invité les acteurs gouvernementaux et non étatiques à se joindre à l’ordre du jour pendant la conférence et au-delà.
« Cet agenda rassemble toutes les composantes de la société », a déclaré le chef d’ONU Climat, Simon Stiell, lors de l’événement, rappelant aux délégués que la COP27 consiste à transformer les ambitions en résultats. « Les besoins humains doivent être au cœur de ce que nous faisons… Le mantra est la mise en œuvre, la mise en œuvre, la mise en œuvre », a-t-il ajouté.
Nouveaux engagements en matière d’adaptation et de pertes et dommages
Plus tard, lors d’une rencontre avec la presse, M. Shoukry a remercié certains pays qui ont annoncé de nouveaux engagements en matière d’adaptation.
« Des engagements spécifiques peuvent nous aider à aller de l’avant. Je salue l’annonce de Rishi Sunak selon laquelle le Royaume-Uni triplera son financement de l’adaptation d’ici à 2025, allant même au-delà de la promesse faite l’année dernière à Glasgow », a-t-il déclaré.
De son côté, l’Allemagne a annoncé 170 millions de dollars pour les pertes et dommages, et la Belgique 2,5 millions d’euros, spécifiquement au Mozambique, qui a subi de terribles pertes l’année dernière en raison de pluies extrêmes.
L’Autriche a également annoncé 50 millions de dollars pour les pertes et dommages, et l’Écosse, qui avait précédemment promis 2 millions de livres sterling, a annoncé 5 millions de livres supplémentaires.
Jusqu’à présent, seuls cinq pays européens – l’Autriche, l’Écosse, la Belgique, le Danemark et l’Allemagne – se sont engagés à remédier aux pertes et dommages.
Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, a demandé mardi aux dirigeants de suivre l’exemple de sa région en s’engageant dans le financement climatique du monde en développement.
« Ceux qui en ont le plus besoin dans le monde en développement doivent être aidés à s’adapter à un climat plus rigoureux. Nous exhortons nos partenaires de l’hémisphère nord à respecter leurs engagements en matière de financement climatique envers l’hémisphère sud », a-t-elle déclaré.
Pour leur part, les petits États insulaires en développement ont continué à dénoncer les pays développés pour ne pas tenir leurs promesses de financement. « Nous lutterons sans relâche pour la justice climatique, y compris devant les tribunaux internationaux », a prévenu Gaston Brown, Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda.
Adaptation en Afrique
Lors d’un événement à la COP27 sur l’accélération de l’adaptation en Afrique, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a également appelé à davantage de financements pour l’adaptation.
« Nous devons investir massivement dans l’adaptation si nous voulons pouvoir ne pas dépenser beaucoup plus d’argent pour faire face aux conséquences de la catastrophe », a-t-il dit. « C’est très clair, nous devons pouvoir partager l’adaptation et l’atténuation dans le financement climatique ».
M. Guterres a réitéré que les banques multilatérales de développement ont une énorme capacité à mobiliser des financements privés qui ne sont pas utilisés.
Nana Akufo-Addo, le Président du Ghana, également présent à l’événement, a déclaré que si l’Afrique a le moins fait pour provoquer le changement climatique, les habitants du continent, en particulier les jeunes, subissent les pires impacts. « Soutenez et rejoignez la lutte contre le changement climatique », a-t-il dit à l’ensemble des dirigeants mondiaux.
De son côté, Paul Kagame, le Président du Rwanda, a fait valoir que pendant la pandémie de COVID-19, le financement externe n’avait pas fonctionné pour les nations vulnérables.
« La contribution la plus précieuse que les pays développés puissent apporter est de réduire leurs émissions plus rapidement tout en investissant en Afrique pour construire une énergie verte et durable. La question de savoir si l’Afrique est prête à utiliser le financement climatique ne doit pas être utilisée comme une excuse pour justifier l’inaction », a-t-il déclaré.
Autres initiatives
D’autres initiatives ont été lancées mardi à la COP27, notamment l’initiative Africa Carbon Markets (Marchés carbone Afrique), qui vise à élargir la participation de l’Afrique aux marchés volontaires du carbone en fixant des objectifs pour le continent et en élaborant une feuille de route de programmes d’action qui seront mis en œuvre au cours des prochaines années pour atteindre ces objectifs.
A noter aussi : une petite nation insulaire a demandé à la COP27 un traité international de non-prolifération des combustibles fossiles, pour éliminer progressivement l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz.
« Les mers qui se réchauffent commencent à avaler nos terres – centimètre par centimètre. Mais la dépendance du monde au pétrole, au gaz et au charbon ne peut pas couler nos rêves sous les vagues », a déclaré le Premier ministre de Tuvalu, Kausea Natano.
En septembre dernier, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Vanuatu avait également appelé à l’établissement de ce traité.
Des dirigeants d’organisations non gouvernementales (ONG) ont également lancé mardi un appel pour soutenir les pays en développement.
« Les catastrophes climatiques ont un impact de longue durée… pendant des décennies, ou même des générations, et il est de plus en plus reconnu que nous ne pouvons pas laisser les communautés vulnérables qui n’ont pas fait grand-chose affronter ces crises mondiales toutes seules », a déclaré Theresa Anderson, Coordinatrice de la politique climatique de l’ONG Action Aid lors d’une conférence de presse.
Elle a souligné que les pays en développement représentent six personnes sur sept sur la planète, et ils insistent tous pour que la COP27 établisse un mécanisme de financement pour faire face aux pertes et dommages.
« Les pays riches et pollueurs doivent regarder au-delà de leur propre nombril, reconnaître l’importance d’un nouveau mécanisme de financement qui peut aider les pays dévastés à recoller les morceaux et à se remettre des conséquences des catastrophes climatiques », a souligné l’activiste.
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