Le constat de l’édition 2022 du Lancet Countdown, étude annuelle menée par une centaine d’experts venant d’ONG internationales, est sans appel : “le monde est à un tournant”. Notre dépendance aux combustibles fossiles, qui aggrave le changement climatique, a des conséquences directes sur la santé des êtres humains. Le bilan lié à l’augmentation des températures est catastrophique.
“La crise climatique nous tue.” C’est le cri d’alerte poussé par les 99 spécialistes venant de 51 institutions ayant contribué à l’édition 2022 du Lancet Countdown. Leur préoccupation principale : la dépendance mondiale aux énergies fossiles, qui entraîne des effets délétères sur la santé en aggravant le dérèglement climatique.
Le rapport souligne que la grande majorité des pays (69 sur les 86 analysés) dédient des sommes colossales – qui se chiffraient à 400 milliards de dollars en 2019 – sous forme de subventions aux combustibles fossiles. Des montants comparables, et parfois même supérieurs aux budgets de santé des États, note l’étude.
+68% de décès liés à la chaleur entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004
Une comparaison qui n’a rien d’anodin. Notre dépendance aux combustibles fossiles aggrave le changement climatique, et entraîne donc des répercussions sur la santé. Les équipes qui ont contribué au rapport notent que les décès liés à la chaleur ont augmenté de 68% entre 2017 et 2021 par rapport à 2000-2004.
Ce n’est pas tout. Les températures élevées ainsi que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent le nombre de personnes en situation de précarité alimentaire grave (+100 millions par rapport à la période 1981-2010), et accroissent la propagation des maladies infectieuses (+32,1% de transmission de paludisme dans certaines régions des Amériques, +14% en Afrique depuis 2010).
En 2021, l’OMS estimait déjà qu’en suivant cette trajectoire, près de 250 000 décès supplémentaires seraient imputables au changement climatique chaque année entre 2030 et 2050.
Les gouvernements et acteurs privés pointés du doigt
“Les stratégies actuelles de nombreux gouvernements et entreprises enferment le monde dans un avenir fatalement plus chaud”, dénonce Paul Ekins, l’un des participants à l’étude et professeur de ressources et de politiques à la Bartlett School de l’University College London. Le rapport calcule en effet qu’au rythme actuel, une décarbonation complète de notre système énergétique prendrait 150 ans.
Quels sont les leviers d’action proposés ? Principalement, une “réponse centrée sur la santé”, via deux pistes. D’une part, l’accélération de l’évolution vers des régimes alimentaires végétaux, qui permettraient de réduire 55% des émissions agricoles et d’éviter jusqu’à 11,5 millions de décès liés à l’alimentation. D’autre part, l’amélioration de la qualité de l’air permettrait d’éviter les décès résultant de l’exposition aux combustibles fossiles (qui s’élevaient à 1,3 million pour l’année 2020).
Pour rappel, l’État français a été condamné à une amende record de 20 millions d’euros pour ne pas avoir réduit suffisamment la pollution de l’air. En août 2021, la France avait déjà dû verser 10 millions d’euros pour le même motif.
AFP