Sécurité alimentaire, conflits, migrations.. la dégradation des terres, qui concerne aujourd’hui 40 % des terres de la planète, sera au cœur de la COP15 désertification qui se tient jusqu’au 20 mai en Côte d’Ivoire. 196 États sont attendus à Abidjan au moment où une sécheresse historique frappe la corne de l’Afrique, menaçant de faim des millions de personnes.
C’est une COP moins connue que sa grande sœur, celle du climat, mais elle est pourtant cruciale. Ce 9 mai, s’ouvre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, la COP15 contre la désertification. L’enjeu est d’agir concrètement face à la dégradation des terres et ses conséquences néfastes pour la biodiversité et les populations. Et l’urgence est vitale : chaque année, selon l’ONU, l’équivalent de la surface du Bénin, soit 12 millions d’hectares de terres, part en poussière.
Neuf chefs d’États africains, dont le président nigérien Mohamed Bazoum, son homologue congolais Felix Tshisekedi ou encore le Togolais Faure Gnassingbé sont attendus autour du président ivoirien Alassane Ouattara. Le président français Emmanuel Macron ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront aux débats en vidéoconférence alors que les sécheresses se multiplient, particulièrement sur le continent africain.
Sécheresse et Grande Muraille verte
L’Éthiopie subit en ce moment la pire sécheresse “jamais vécue” : en 18 mois, pas une goutte de pluie est tombée. Toute la corne de l’Afrique est concernée. En quelque mois, le nombre de personnes menacées par la faim est passé de 14 millions à 20 millions dans ces régions où l’on vit majoritairement d’élevage et d’agriculture. C’est un des nombreux sujets que les parties vont aborder jusqu’au 20 mai à Abidjan. La question de la Grande Muraille verte, projet pharaonique qui vise à restaurer cent millions d’hectares de terres arides en Afrique d’ici 2030 sur une bande de 8 000 km allant du Sénégal à Djibouti, est particulièrement attendue.
Le thème de la COP, “Terres. Vie. Patrimoine : D’un monde précaire vers un avenir prospère” est “un appel à l’action pour faire en sorte que la terre, qui est notre source de vie sur cette planète, continue de profiter aux générations présentes et futures”, souligne la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) dans un communiqué. “La Conférence portera une attention particulière à la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, la pérennité de l’utilisation des terres face aux impacts du changement climatique et la lutte contre l’augmentation des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt”, précise l’institution onusienne alors que l’Irak subit pour la septième fois en un mois une violente tempête de sable, provoquant des troubles respiratoires chez de nombreux habitants.
“Une question de survie”
Un rapport publié en amont de l’ouverture de la COP15 par la CNULCD montre l’ampleur des dégâts. Aujourd’hui, plus de 40 % des terres sont dégradées sur la planète, affectant la moitié de l’humanité, et menaçant la moitié du PIB mondial soit 44 000 milliards de dollars. “À aucun autre moment de l’histoire moderne, l’humanité n’a été confrontée à un tel éventail de risques et de danger familiers et inconnus, interagissant dans un monde hyper-connecté et en évolution rapide. Nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer l’ampleur de l’impact de ces menaces existentielles”, soulignent les auteurs de l’étude.
Pour l’ONU, remettre les terres en bon état est donc une question de “survie”. “Le statu quo n’est pas une option viable pour notre survie et notre prospérité,” résume pour l’AFP Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD. D’autant que la dégradation des terres ne génère pas seulement des famines, conflits ou déplacements. Elle participe également aux émissions de CO2. En tant que puits de carbone, si rien n’est fait pour inverser la tendance, d’ici 2050, 250 milliards de tonnes supplémentaires d’équivalent CO2 pourraient être restées dans l’atmosphère. C’est quatre fois les émissions annuelles actuelles de gaz à effet de serre.
“La lutte contre la désertification est possible, en y mettant de la volonté et des moyens nécessaires. Cette lutte doit être menée absolument pour éviter notre disparition en tant qu’être humain”, appelle Robert Gouantoueu Guei, coordinateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’ouest.
AFP
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