Vingt-quatre des 80 hippopotames qui ont colonisé les eaux voisines de l’ancienne propriété du célèbre narcotrafiquant Pablo Escobar, en Colombie, ont été stérilisés afin de maîtriser la croissance “incontrôlée” de cette espèce “invasive”, ont annoncé vendredi les responsables de l’opération.
Les hippopotames ont reçu une injection de Gonaco, un “contraceptif efficace à la fois sur les mâles et les femelles”, et qui est “moins cher” que la “stérilisation chirurgicale”, indique Cornare, une organisation régionale de protection de l’environnement, dans un communiqué.
Des fusils à fléchettes ont été utilisés, tandis que d’autres individus ont été “appâtés et capturés”.
L’opération est plus complexe qu’elle n’en a l’air car “les experts suggèrent d’administrer trois doses, sur la base d’études et de comparaisons effectuées sur d’autres grands animaux, comme les chevaux”, explique Cornare.
Soutenue financièrement et techniquement par les Etats-Unis, l’opération de castration chimique a duré près d’une semaine, dans la municipalité de Puerto Triunfo (nord-ouest).
Elle a l’ambition de devenir “une référence mondiale pour le contrôle d’une population invasive d’hippopotames, un cas unique sur la planète”, selon Cornare. Onze premiers individus avaient déjà été stérilisés de manière traditionnelle.
Cette colonie de 80 hippopotames, réputée être la plus grande colonie de ces animaux hors d’Afrique, est la descendance directe d’un couple importé par Pablo Escobar, au sommet de sa gloire, pour venir achalander le zoo de son hacienda de Napoles, à une centaine de kilomètres au sud de son fief de Medellin.
A la mort d’Escobar, abattu en 1993 par les forces de sécurité colombiennes, les animaux avaient été abandonnés à leur sort, alors que l’immense villa, théâtre de toutes les excentricités du baron de la drogue, était elle aussi laissée à l’abandon.
Flamants roses, girafes, zèbres et autres kangourous de l’animalerie avaient été vendus à des zoos. Laissés sur place, sans prédateur, les pachydermes se sont multipliés, devenant une attraction pour les médias du monde, mais surtout un problème environnemental et une menace pour les habitants de cette région montagneuse et tropicale.
“La présence de ces animaux dans un écosystème qui n’est pas le leur entraîne des conséquences, comme le déplacement de notre faune locale”, la “modification des écosystèmes” et les “attaques” contre les pêcheurs, tout cela en raison d’une “croissance démographique hors de contrôle”, souligne David Echeverri, un expert de Cornare.
Pablo Escobar, chef du cartel de Medellin, et dont la tête fut mise à pris par les Etats-Unis, fut l’un des hommes les plus riches du monde, selon Forbes, après avoir fondé un empire du crime et du narcoterrorisme.
Presque trente ans après sa mort, il reste inévitablement associé à la Colombie. Il a profondément marqué les imaginaires sur ce pays – en témoigne le succès de la série de Netflix “Narcos” -, et les Colombiens eux-mêmes.
Malgré sa chute et celle d’autres barons de la drogue, la Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne et les États-Unis son plus grand marché.
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