Ils ont passé la nuit à négocier sur des dispositifs de soutien à l’économie, sans succès. Les ministres des Finances européens, réunis dans l’Eurogroupe, n’ont pas encore réussi à s’accorder sur un plan commun. L’idée d’une dette commune, émise notamment par la France, demeure un point d’achoppement entre pays du Nord et pays du Sud. L’Eurogroupe doit reprendre les discussions jeudi 9 avril.
Mardi 7 avril après-midi, les ministres des Finances européens formant l’Eurogroupe se sont réunis par vidéo-conférence. Ordre du jour : trouver les moyens communs de résister à la crise du Coronavirus et préparer la relance. Les chefs d’État leur avaient donné la mission de définir les principes techniques d’une réponse commune. La réunion, qui a commencé à 16h30, s’est poursuivie toute la nuit. En vain.
Le 8 avril au matin, Mario Centeno, ministre des Finances portugais et président de l’Eurogroupe, a suspendu la réunion une journée, pour une reprise le jeudi. “Après 16 heures de réunion, nous avons été proches d’un accord mais nous n’y sommes pas encore”, a-t-il tweeté mercredi matin.
Trois filets de sécurité
Le président de l’Eurogroupe avait un plan tout prêt à soumettre aux autres ministres, sous la forme de trois filets de sécurité. Le premier, pour préserver l’emploi, doit prendre la forme d’un programme de 100 milliards d’euros financés par la Commission européenne afin d’aider les États membres à financer le chômage partiel.
Le deuxième filet de sécurité concerne les entreprises. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) propose de dédier une enveloppe de 25 milliards d’euros pour garantir les prêts des banques pour les entreprises, notamment les PME. Cette enveloppe serait financée par les États membres et permettrait de faciliter l’octroi de 200 milliards d’euros de crédits aux entreprises. Elle viendrait en soutien aux dispositifs déjà mis en place dans certains États, comme la France. En mars, Bercy a annoncé la mise en place d’une garantie publique, octroyée par l’intermédiaire de Bpifrance pour les PME, pour débloquer jusqu’à 300 milliards d’euros de crédit de trésorerie.
Le troisième filet de sécurité concerne les États en difficulté. Ceux-ci pourraient bénéficier de lignes de crédit auprès du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) dont le financement monterait jusqu’à 240 milliards d’euros. Les pays du Nord de l’Europe (Allemagne, Pays-Bas, etc.) et pays du Sud (Italie, Espagne, France, etc.) semblent d’accord pour l’utilisation de ce dispositif. Ils doivent néanmoins avancer sur les conditions permettant à un État d’y avoir accès.
Un fonds de solidarité commun
Mais c’est surtout la question d’une éventuelle mutualisation des dettes entre pays européens qui sème la zizanie entre les ministres des Finances. L’idée des “Corona bonds” a fermement été rejetée par des pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne. La France propose donc un dispositif différent et limité dans le temps.
Car Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances français, estime que le plan de Mario Centeno ne prend pas suffisamment en compte la question de la relance économique. Il propose donc la création d’un fonds de solidarité européen doté de plus de près de 450 milliards d’euros, pour une durée de vie de cinq à dix ans. Il viserait à investir dans des services publics comme les hôpitaux, dans les filières industrielles en difficulté ou encore dans les nouvelles technologies, pour permettre à ces secteurs de repartir du bon pied.
Ce fonds, dans l’idée du ministre français, serait abondé par un emprunt de la Commission européenne. Celle-ci obtiendrait de meilleurs taux d’intérêt sur les marchés financiers, que certains États en difficulté. Si Bruno Le Maire insiste pour dire qu’il s’agit d’une idée nouvelle, et non pas d’un retour des Corona Bonds, l’idée d’une dette commune semble néanmoins toujours difficile à faire passer auprès des pays du Nord…
NVTC
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