L’organisation américaine Majority Action a passé en revue les politiques de vote sur les résolutions actionnariales en faveur du climat des 25 plus grandes sociétés de gestion mondiales. Résultat : de grands acteurs comme BlackRock ou Vanguard votent quasi systématiquement contre, malgré leurs nombreuses déclarations sur le risque lié au réchauffement.
Les grands gérants d’actifs ne votent pas toujours en faveur du climat… Loin s’en faut. L’organisation américaine Majority Action a publié une étude sur la politique de vote des 25 plus grandes sociétés de gestion mondiale au cours des assemblées générales 2019 des entreprises américaines des secteurs de l’énergie et des utilities. Elle révèle que BlackRock, qui gère plus de 6 000 milliards de dollars, n’a soutenu que cinq résolutions actionnariales en faveur du climat, sur les 41 recensées.
Vanguard, son challenger en termes de taille avec près de 5 000 milliards de dollars sous gestion, ne fait pas mieux. Il n’a soutenu que quatre résolutions climat. Deux autres américains, les filiales de gestion d’actifs de la banque JP Morgan et de l’assureur Prudential Financial, ont également voté pour moins de 15 % des résolutions climat.
Ces investisseurs ont pourtant tendance à déclarer publiquement leur engagement sur la question climatique. C’est le cas de Larry Fink, le président de BlackRock qui, dans sa lettre annuelle aux investisseurs, invoque régulièrement la crise climatique et la nécessité pour les entreprises de mieux la prendre en compte.
À l’autre bout du spectre, des acteurs comme le californien Pimco, BNP Paribas, l’allemand DWS Group et le britannique Legal & General Investment Management, ont au contraire soutenu les résolutions liées au climat dans plus de 95 % des cas.
Manque d’engagement actionnarial
Cette étude met le doigt là où ça fait mal. Les gérants d’actifs tendent aujourd’hui à prendre de plus en plus en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs investissements. Mais certains peinent encore à franchir l’étape supplémentaire de l’engagement actionnarial, pour réellement transformer les entreprises dans lesquelles elles investissent.
BlackRock répond traditionnellement que son engagement actionnarial se fait tout au long de l’année, par des rendez-vous avec les directions des entreprises pendant lesquels il expose ses griefs. Un argument qui ne convainc par Majority Action. “Les dialogues avec les entreprises sont importants (…), mais voter sur la rémunération des dirigeants et sur les résolutions d’actionnaires est un outil bien plus fort pour permettre aux actionnaires de long terme de communiquer l’importance et l’urgence de leur position quand les entreprises n’alignent toujours pas leur stratégie avec des objectifs de décarbonisation ambitieux”, écrit l’organisation dans son rapport.
Il appartient donc désormais aux détenteurs d’actifs d’ausculter la manière dont les grandes sociétés de gestion à qui ils confient des mandats exercent leur droit de vote. Majority Action leur recommande, à partir de cette étude, d’évaluer la politique d’engagement actionnarial des gérants pour vérifier qu’elle est bien en ligne avec leurs propres engagements carbone. L’organisation incite même les détenteurs d’actifs à changer de gérant, en imposant dans les contrats de mandat des critères sur le vote des résolutions climat.
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